Certains managers tolèrent des comportements puérils tant que les résultats suivent, alors que d’autres appliquent des normes strictes sans exception. Il existe des environnements où la maturité émotionnelle n’est ni attendue ni valorisée, ce qui crée des tensions invisibles dans les équipes.
Des stratégies éprouvées permettent d’instaurer des interactions plus sereines, d’ajuster sa posture face à l’immaturité et de préserver la cohésion. L’approche choisie influence durablement la qualité de vie au travail et la performance collective.
Pourquoi certains collègues adoptent-ils des comportements immatures ?
L’immaturité émotionnelle, un terme souvent lancé à la légère, trouve ses racines bien plus profondément qu’il n’y paraît. Derrière les conflits récurrents ou les réactions disproportionnées au bureau, il y a la complexité de la santé mentale et le jeu subtil des dynamiques collectives. Une personne jugée immature n’agit pas toujours sur un coup de tête. Ses réactions, colère soudaine, difficulté à accepter la critique, recherche permanente d’attention, dessinent un tableau où la fragilité émotionnelle occupe le devant de la scène.
Plusieurs causes peuvent expliquer ce type de comportement, et il serait réducteur de tout attribuer à un simple manque de professionnalisme. Pour certains, il s’agit de traits de personnalité persistants, que l’on retrouve notamment dans certains troubles psychiques. Voici quelques exemples de profils fréquemment rencontrés au travail :
- trouble de la personnalité limite : l’instabilité émotionnelle prend le dessus, rendant les relations imprévisibles ;
- trouble de la personnalité narcissique : soif d’admiration, faible empathie et tendance à ignorer les besoins des autres ;
- trouble de la personnalité histrionique : comportements très démonstratifs, hypersensibilité au regard de l’entourage ;
- trouble de la personnalité antisociale : impulsivité, non-respect des règles collectives, difficulté à se plier au cadre.
Gérer un collègue dont les réactions semblent immatures, c’est donc accepter que ces attitudes s’ancrent dans des histoires personnelles parfois complexes, rarement visibles au premier abord.
Mais il n’y a pas que la personnalité en cause. La pression du travail, une santé mentale fragilisée, l’isolement ou des expériences de vie difficiles pèsent aussi dans la balance. Parfois, c’est le groupe lui-même qui, par absence de cadre ou par peur du conflit, laisse ces comportements s’installer, voire les renforce. Il devient alors nécessaire de dépasser les jugements rapides pour interroger ce qui se joue derrière cette immaturité. C’est en approfondissant la compréhension de ces dynamiques que l’on peut choisir des stratégies adaptées, sans stigmatiser, mais en maintenant un environnement respectueux et exigeant pour tous.
Les signes qui ne trompent pas : reconnaître l’immaturité émotionnelle au travail
Reconnaître une personne immature émotionnellement ne relève pas d’un simple ressenti. Cela demande de l’observation, de l’attention aux détails et à la répétition de certains comportements. Les signes ne manquent pas. Certains sont flagrants, d’autres passent sous le radar jusqu’à ce qu’ils fissurent l’ambiance de l’équipe.
D’abord, l’instabilité émotionnelle saute aux yeux : changements d’humeur soudains, passage en quelques minutes du rire à la colère, explosion pour une contrariété bénigne. La gestion des émotions déraille, laissant place à des tensions qui éclatent parfois sans prévenir.
Le rapport aux autres devient vite source de conflits. Face à la moindre remarque, la défense se dresse : la personne se positionne en victime, reporte systématiquement la faute ailleurs ou refuse toute remise en question. Les échanges manquent d’équilibre, entre appels à l’attention et refus des responsabilités. L’anxiété s’invite par la porte de service, nourrissant le besoin urgent d’être rassuré ou le rejet de toute opposition.
Certains signes, plus discrets, méritent d’être repérés : refus d’assumer ses torts, incapacité à se remettre en cause, tendance à fuir les décisions collectives ou à saboter la coopération. Quand la maturité émotionnelle attendue fait défaut, ces petits riens s’accumulent et fragilisent le groupe.
La gestion des émotions devient alors une affaire de tous. Chaque membre de l’équipe doit aiguiser son discernement pour préserver l’équilibre du collectif. Dans cette perspective, les conseils pour limiter l’impact de ces comportements prennent tout leur sens, et chacun a un rôle à jouer pour éviter que la situation ne dégénère.
Des stratégies concrètes pour gérer les situations difficiles avec bienveillance
Gérer au quotidien un collègue à l’immaturité persistante peut donner envie de fuir ou de s’opposer frontalement. Mais une autre voie existe, moins épuisante et bien plus constructive : celle de l’intelligence émotionnelle. La première étape consiste à écouter vraiment, sans jugement : repérer les signaux faibles, entendre ce que l’autre ne formule pas toujours clairement, reconnaître la charge émotionnelle derrière une phrase.
Pour désamorcer les situations délicates, plusieurs solutions s’offrent à l’équipe et au manager. Voici comment agir concrètement, sans sacrifier la cohésion :
- Fixer des limites nettes et constantes, sans agressivité. Cette clarté offre un cadre rassurant à tous.
- Privilégier les échanges en face-à-face pour éviter les interprétations erronées. L’oral permet souvent d’apaiser ce que l’écrit exacerbe.
- Instaurer des temps de pause ou de recul lors des tensions. Prendre du temps avant de réagir aide à retrouver une discussion plus rationnelle.
Le rôle du manager s’avère central. C’est à lui de nommer les dysfonctionnements, de rappeler les règles du collectif et de soutenir chaque collaborateur dans l’apprentissage des compétences émotionnelles. Si le conflit s’enlise, la médiation, menée par un tiers, permet souvent de renouer le dialogue sans heurts inutiles.
La gestion des émotions ne s’improvise pas : elle s’apprend, s’entretient, se développe. Les soft skills, longtemps secondaires, deviennent désormais un levier incontournable pour traverser les tempêtes sans que l’équipe ne s’y brise.
Favoriser un climat d’équipe apaisé et constructif au quotidien
La gestion des émotions s’inscrit au cœur de la vie en entreprise. Installer une ambiance apaisée repose sur des gestes simples, répétés, concrets. La maturité émotionnelle se cultive ensemble, jour après jour. Invitez les membres de l’équipe à partager ce qu’ils ressentent, sans peur du jugement. Même les désaccords, s’ils sont exprimés avec respect, deviennent des occasions de renforcer la confiance.
Pour soutenir cette dynamique positive, certains repères collectifs font la différence : rituels de feedback, réunions où chacun peut s’exprimer, moments d’échanges informels loin de la pression. Voici quelques outils qui favorisent cette atmosphère :
- Pratiquer l’écoute active pour déceler les frustrations silencieuses et apaiser les tensions avant qu’elles ne s’installent ;
- Mettre en avant les réussites, mêmes discrètes, pour nourrir l’estime de soi de chacun ;
- Repérer rapidement les signes de malaise afin de désamorcer les conflits avant leur emballement.
L’exemplarité du manager reste une source d’inspiration : accueil des différences, gestion posée des tensions, reconnaissance des efforts. La santé mentale du collectif s’en trouve renforcée. Lorsque chacun se sent en sécurité, il ose prendre des initiatives, exprimer ses difficultés et contribuer à la créativité du groupe. Sur cette base solide, les solutions pour atténuer les tensions émergent naturellement, au fil d’une confiance retrouvée.
Savoir naviguer parmi les émotions, c’est offrir à l’équipe la possibilité d’avancer, même quand le climat devient orageux. La maturité collective ne s’impose pas, mais elle se construit, patiemment, et c’est là que réside la vraie force d’un groupe soudé.


